UN POETE POLITIQUE

Publié le par Adriana EVANGELIZT

UN POETE POLITIQUE

La France assiste à ce moment à un spectacle fascinant : le mandat de Premier ministre de Dominique Marie François René Galouzeau de Villepin. Le mandat de cette personnalité luxuriante risque en effet de ne pas être ennuyeux.

Partiellement en raison des circonstances dans lesquelles il entre à Matignon. L'establishment politique hexagonal a été désarçonné par sa défaite déchirante dans le référendum sur le traité de la Constitution européenne. Le taux de popularité de Jacques Chirac n'est jamais tombé aussi bas alors que ce dernier tente de consolider la place de la France dans l'Europe et qu'il se débat avec la pire crise qu'il ait connue au cours de ses dix années de présidence.

Avec son physique avenant et son énergie frénétique, cet homme d'action de 51 ans est décrit comme un poète dont les mots favoris sont les verbes. Qu'il soit en train de courir un marathon, de jouer au tennis, de peindre des aquarelles, de cultiver des roses ou d'écrire des essais sur Napoléon, Dominique de Villepin semble être une tache floue et confuse de cheveux argentés en perpétuel mouvement. Au cours des deux années où il a été ministre des Affaires étrangères, il a effectué 130 déplacements à l'étranger. Pourtant, il a toujours trouvé le temps d'écrire des poèmes, même assis à l'arrière d'un hélicoptère militaire l'emmenant rencontrer des chefs rebelles. "Du fond de mes poches, la poésie jaillissait, griffonnée sur des bouts de papier", a-t-il écrit par la suite.

"Dominique de Villepin est un homme que le quotidien ennuie, que la médiocrité déprime et que l'adversité revigore", affirme Nicolas Sarkozy, le président de l'UMP, qui vient de réintégrer le gouvernement en tant que ministre de l'Intérieur pour former avec lui un duo invraisemblable.

 

Le défi que le nouveau Premier ministre doit relever dans l'immédiat est d'apporter une réponse à la colère que les électeurs français ont exprimée lors du référendum. Sa principale priorité est de réduire le chômage, qui est actuellement de 10 %. L'incapacité persistante des gouvernements, tant de gauche que de droite, à résoudre ce problème a corrodé l'autorité de la classe politique française toute entière. En dépit de son indéniable panache, Dominique de Villepin ne semble pas convenir pour la tâche qui l'attend : résoudre les difficultés économiques de la France et apaiser les mécontentements sociaux. Bien qu'il se soit avéré un ministre de l'Intérieur étonnamment coriace, il n'a aucune expérience directe en matière de politique économique et n'a formulé jusqu'à présent aucune idée nouvelle.

A une époque où l'on reproche aux hommes politiques d'avoir perdu le contact avec les électeurs ordinaires, le patricien de Villepin souffre du double handicap de n'avoir jamais occupé une fonction en tant qu'élu et de ne disposer que d'un maigre soutien au Parlement. Bon nombre des parlementaires de l'UMP lui reprochent encore le conseil désastreux qu'il a donné à Jacques Chirac en 1997 d'appeler les électeurs aux urnes alors que le pays était paralysé par des grèves massives, une décision qui coûta leur emploi à beaucoup de leurs anciens collègues. Dominique de Villepin devra aussi parvenir à un compromis avec Nicolas Sarkozy, son rival de longue date pour la présidence française en 2007. Le Premier ministre a déclaré qu'il se réjouissait du retour de Nicolas Sarkozy dans le gouvernement même si l'aversion qu'ils ont l'un pour l'autre n'est un secret pour personne.

Il serait toutefois imprudent de penser que Dominique de Villepin n'a aucune chance. Il brûle du désir de restaurer la gloire ternie de la France et apportera certainement au gouvernement un dynamisme dont il a grand besoin. L'affaiblissement de l'euro - un effet secondaire des votes négatifs français et néerlandais - et des incitants fiscaux pourraient temporairement stimuler la croissance économique. Et pour le moment, il est populaire, ce qu'on n'a jamais pu dire de son prédécesseur, le malchanceux Jean-Pierre Raffarin.

Né au Maroc en 1953, Dominique de Villepin a passé la majeure partie de sa jeunesse loin de la France, nourri de littérature et d'aspirations romantiques à l'égard de son pays. On raconte que sa mère lui glissait des poèmes dans les poches pour qu'il puisse les lire à la récréation. "Je rêvais de la France avant même de la connaître", a-t-il dit un jour.

Il s'installe en France pour compléter son éducation. Il parcourt alors le chemin traditionnel d'un politicien ambitieux : diplômé de l'Ecole nationale d'administration, il gravit rapidement les échelons du service diplomatique, côtoyant les stars politiques montantes.

Au cours du premier mandat présidentiel de Jacques Chirac, Dominique de Villepin est son chef du personnel. Son style de management dans cette fonction ? "Il leur tapotait sur la tête pour les féliciter ou leur bottait le derrière." En récompense de sa loyauté, il s'est vu confier le ministère des Affaires étrangères en 2002, à une époque de forte tension internationale.

C'est dans ce rôle que Dominique de Villepin a accédé au devant de la scène internationale. Son discours passionné au Conseil de Sécurité des Nations Unies en février 2003, dénonçant l'usage de la force contre l'Irak, lui a valu l'admiration du public français et l'animosité durable de l'administration américaine.

Même ses supporters disent qu'il peut parfois se rendre coupable du péché cardinal de chiraquisme, de grands gestes sans réflexion adéquate. D'autres suggèrent que sa personnalité excessive a été conçue pour une époque antérieure, plus héroïque. Mais Dominique de Villepin affirme que tout ce qui compte, c'est le présent. "Nous avons tous rêvé de vivre à d'autres époques, celles des grandes découvertes, ou des mousquetaires. A chaque époque, il faut trouver la force de se battre contre le destin, écrivait-il dans son essai politique Le Requin et la Mouette. Mais y a-t-il eu une époque plus fascinante, plus tumultueuse que la nôtre ?"

John Thornhill (Financial Times)

Sources : TENDANCES TRENDS

Posté par Adriana Evangelizt

 

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